Kaïryn...

Kaïryn...

Nous avons besoin de toi...

Les lumières du stade giflaient le ciel d'Angalia, ville prospère au milieu du désert. La foule amassée devant la scène du Grand Tournoi frappait des mains en cadence. Sur scène la musique était reine. La finale venait à peine de commencer, et les deux équipes s'affrontaient dans ce que l'on appelait déjà le plus grand combat musical de tous les temps. L'enthousiasme du public vira au délire quand Dickan, membre des SoulStorm, enchaina les 12 accords du SoulInvocation, alors même que leurs adversaires n'avaient pas encore enchanté leurs instruments.
Se rendant compte du danger vers lequel ils se précipitaient, le leader du groupe adverse enchaîna un solo désespéré pour échapper à l'attaque fatale du SoulInvocation. Le bouclier musical ne tint que quelques secondes, écrasé par la puissance de l'impact. Dans un fracas terrible et une lumière éblouissante, les cinq membres du groupe tombèrent à genoux, leurs instruments brisés à leur pied.
Le public retint son souffle, SoulStorm avait vaincu.
La défaite eu raison de l'unité du groupe et ses membres décidèrent de se séparer pour effacer la honte qui régnait dans leur coeur...

Bronch-Eyfton offrait à celui qui le voulait, un endroit paisible à l'abri du stress de la ville. Peu de gens s'arrêtaient ici et pour les habitants du village c'était très bien ainsi. La ville portait ce nom imprononçable à cause d'une mauvaise herbe. Celle ci projetait un pollen qui s'insinuait jusqu'aux bronches et vous faisait pousser des petits éternuements ressemblant beaucoup à cela : HEYFTON ! D'où Bronch-Eyfton.
Ce malheureux désagrément n'arrivait qu'au printemps et ne durait en général qu'un ou deux mois. Le reste de l'année, le village jouissait d'un silence de mort. Les seuls bruits audibles dans les deux cent kilomètres à la ronde provenait d'un petit hangar miteux. Ce hangar abritait un antique atelier de luthier. Le commerce dans Bronch-Eyfton était mort depuis longtemps, mais le vieux Graggy Olmet continuait à faire chanter le bois. Pour se rappeler le bon temps comme il disait, et pour la musique. Mais pas de magie, ah ça non! Le vieux Graggy marmottait toujours : j'ai fais cette erreur une fois, je ne la referais plus !
Et pourtant, les enfants du village férus des dernières nouveautées en matière de guitare enchantée, harcelaient le vieux Graggy pour qu'il en fabrique quelques unes. Car le vieux Graggy avait un secret bien connu ici. De ses mains était né la légendaire guitare qui, des années plus tôt, avait amené un groupe jusqu'alors inconnu en finale du Grand Tournoi.
Tout en travaillant, il se souvenait des courbes du corps de cette fabuleuse guitare. Elle tonnait à chaque frottement sur ses cordes. Elle amenait la foudre et déchirait le ciel pour chaque note qu'on lui soutirait. Il fallait un esprit fort pour la maitriser et en tirer une mélodie harmonieuse. Aucun musicien n'y était arriver. Jusqu'à Jeff.
Aujourd'hui Jeff avait une femme et un enfant. Un jeune garçon de quinze ans qui ne voyait la vie qu'en clef de fa et double croche. Un jeune garçon qui se trouvait sur le pas de la porte du vieux Graggy et qui réclamait la guitare de son père.